
La contraception, est-ce possible à deux ?
Par Laura Désilets, stagiaire au baccalauréat en sexologie
14 avril 2016
La responsabilité d’une grossesse non désirée repose généralement sur les épaules de la femme, qui entreprend les démarches pour se procurer une méthode contraceptive et qui s’assure de l’utiliser de manière efficace. En tant que femme, voudrait-on que notre partenaire sexuel s’implique dans la démarche contraceptive ? Après tout, la conception d’un enfant se fait à deux, pourquoi pas la prévention d’une grossesse non désirée ?
La contraception, c’est quoi ?
L’utilisation d’une méthode contraceptive a comme premier objectif de prévenir une grossesse non désirée. La contraception au Québec comprend les méthodes hormonales et non hormonales. Les méthodes hormonales sont composées d’estrogènes et progestatifs, ou seulement de progestatifs. La pilule est la plus connue parmi celles-ci, qui incluent aussi l’anneau vaginal, le timbre contraceptif, le stérilet avec hormones et le Dépo Provera. Les méthodes non hormonales, qu’on appelle aussi les « barrières », se réfèrent aux condoms masculin et féminin, à la cape cervicale, le diaphragme et le stérilet avec cuivre.
La contraception, une responsabilité partagée ?
Les femmes ont tendance à entreprendre d’elles-mêmes la démarche contraceptive, ainsi que la discussion sur ce sujet avec leur partenaire. Cependant, certaines femmes souhaiteraient un soutien de la part de leur partenaire, voire une participation active à la contraception. Ce soutien peut se témoigner de différentes façons :
- S’informer sur les diverses méthodes contraceptives ;
- Partager son point de vue lors du choix de la méthode contraceptive ;
- Participer aux rendez-vous médicaux portant sur la contraception ;
- Contribuer à l’utilisation adéquate de la méthode contraceptive prise par la femme ;
- Aider la femme à maîtriser certains désagréments du cycle menstruel, par exemple les douleurs menstruelles.
Impliquer ou non son partenaire dans la contraception
L’implication du partenaire dans le choix de la méthode contraceptive et durant la prise de celle-ci assure une meilleure utilisation de la méthode choisie. Inclure l’homme au cœur des discussions sur le sujet est aussi synonyme d’une meilleure observance de la contraception. Qui dit utilisation optimale de la contraception, dit un minimum de risques de grossesse et beaucoup moins d’inquiétudes !
Au contraire, il peut être plus rassurant pour certaines d’entreprendre seule la démarche contraceptive. La prise en charge de la contraception offre un sentiment de contrôle de son propre corps, pour ensuite, le cas échéant, choisir avec le partenaire le moment opportun pour concevoir un enfant. Dans ce cas, le sentiment de contrôle encourage la rigueur dans le bon suivi de la contraception et atténue l’inquiétude d’une grossesse non désirée.
Alors, devrait-on ou non impliquer le partenaire ? Cette décision se détermine selon les besoins de chacune. L’important, c’est l’accord commun des deux partenaires quant au rôle que prend l’homme au sein de la démarche contraceptive.
Les obstacles à la contraception partagée
Certaines situations rendent difficile la participation du partenaire dans la démarche contraceptive. Par exemple, il est possible que l’homme refuse de s’impliquer ou que la femme ait un ou plusieurs partenaires sexuels occasionnels — hors d’une relation stable.
Il demeure important d’utiliser le condom avec un nouveau partenaire ou un partenaire occasionnel afin d’assurer une meilleure protection contre les infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS), en plus de prévenir les risques d’une grossesse non désirée. Le condom combiné à une méthode contraceptive offre une double protection (ITSS et grossesse). Exiger le port du condom chez un partenaire sexuel occasionnel est une façon de se responsabiliser soi ainsi que le partenaire en matière de contraception et de prendre soin de sa santé sexuelle, comme celle de l’autre.
Cela étant dit, l’utilisation d’une méthode contraceptive chez la femme est un choix judicieux pour s’assurer en toutes circonstances de prévenir une grossesse non désirée.
Comment convaincre son partenaire sexuel de porter le condom ?
Le condom n’est pas toujours populaire auprès de la gent masculine — certains mentionnent ne rien ressentir ou ne pas aimer son caractère prévisible, ou craignent que leur érection soit plus difficile à maintenir lorsqu’ils le portent. Pourtant, le port du condom a des avantages à ne pas négliger, pourquoi ne pas faire valoir les aspects positifs de son utilisation ? La protection qu’il assure contre les ITSS et les grossesses permet autant à l’homme qu’à la femme de pleinement se laisser aller tout au long de la relation sexuelle. Le condom apporte un sentiment de sécurité face aux ITSS et à une grossesse non désirée. Diminuer les tracas pour donner toute la place au plaisir !
Intégrer le condom de façon sensuelle et érotique pimente la relation sexuelle. La femme peut proposer de l’enfiler elle-même sur le pénis de son partenaire, et il peut être très agréable de « jouer » autour du moment de la pose du condom, moment durant lequel l’excitation s’amplifie chez chacun des partenaires. Eh oui, le condom peut être associé au plaisir ! Pour les hommes moins convaincus, on peut ajouter une petite goutte de lubrifiant à l’intérieur du condom pour favoriser leurs sensations (un lubrifiant soluble à l’eau pour prévenir une rupture du condom ; les produits qui contiennent de l’huile ou du gras, comme la vaseline ou les huiles à massages, sont à éviter). Quelle que soit la stratégie mise en œuvre pour négocier le port du condom, il est important d’affirmer son besoin face à son utilisation. Les rapports sexuels n’en seront que plus détendus et agréables.
Mot de la fin
La contraception et la protection contre les ITSS sont des responsabilités qui se partagent, que ce soit entre partenaires sexuels stables ou non.
- Vous, Mesdames, impliqueriez-vous votre partenaire dans la contraception ?
- Vous, Messieurs, souhaiteriez-vous vous impliquer dans la démarche contraceptive de votre partenaire ?