
Réduire le risque du cancer de la prostate : à vous de… jouer!
Par Dr Marc Steben
19 août 2015
Jusqu’à tout récemment, on considérait le cancer de la prostate comme une maladie pour laquelle on ne pouvait faire de prévention. Dans le jargon médical, on dit dans ce cas qu’il n’existe pas de « facteur de risque modifiable ». Par exemple, dans le cas des maladies cardiovasculaires, de saines habitudes de vie peuvent faire une différence, allant jusqu’à réduire considérablement le nombre de décès dus aux crises cardiaques et accidents vasculaires. Mais pour le cancer de la prostate? Rien…
Sauf que… Il est maintenant possible d'envisager la prévention du cancer de la prostate
Une étude très sérieuse, présentée lors de l’assemblée annuelle de l’American Urological Association 2015, vient de révéler que l’on peut réduire le risque de ce cancer, au moyen de… « saines habitudes de vie ».
Évidemment, les « saines habitudes de vie » dont il est question ici sont d’une nature un peu différente… Les conclusions de l’étude pourraient se résumer ainsi : plus les hommes ont d’orgasmes, moins ils ont de risque de développer un cancer de la prostate. Cela vient d’ailleurs confirmer ce qu’une étude du Journal of American Medical Association avait avancé en 2004, soit qu’il existe un facteur de risque modifiable pour le cancer de la prostate : l’éjaculation.
La Health Professionals Follow-up Study (HPFS)
Cette étude, parrainée par l’Université Harvard et financée par l’Institut National du Cancer des États-Unis, est ce que l’on appelle une « étude de cohorte prospective », c’est-à-dire que les sujets de l’étude sont suivis durant des décennies. Dans ce cas-ci, 32 000 hommes ont été suivis sur une période 18 ans, soit depuis 1992 — et continuent de l’être.
Les données de cette étude ont permis au Dre Jennifer Rider, épidémiologiste à la Harvard T.H. Chan School of Public Health de Boston, d'affirmer que le risque de cancer de la prostate s’est révélé 20 % plus faible chez les hommes qui éjaculaient au moins 21 fois par mois par rapport à ceux qui n’éjaculaient que de 4 à 7 fois par mois.
Dre Rider tient tout de même à préciser qu’il s’agit de données d’observation et qu’il faut être prudent dans l’interprétation de celles-ci. À noter, d’ailleurs, qu’il ne semblait pas y avoir de corrélation entre la fréquence éjaculatoire et le risque pour la maladie de haut grade, la maladie avancée ou le cancer mortel.
Mais c’est quand même une excellente nouvelle pour la santé de la prostate
Cela n’a pas empêché Dre Rider de résumer ainsi : « les activités sexuelles sécuritaires pourraient être bonnes pour la santé de la prostate. » La modératrice de sa présentation a très vite conclu qu’il s’agirait probablement de l’étude la plus tweetée de tout le congrès des urologues!
Le mot de la fin
Les jeux de mots qui nous viennent à l’esprit sont nombreux. Il faut toutefois faire preuve de retenue. Nous finirons donc en disant… Le plaisir, c’est la santé!