
« Trop aimer », c’est possible ?
Par Dr Marc Steben
12 février 2015
« Je suis complètement accro! », entend-on souvent dire par nos proches qui sont en amour. Loin de s’en inquiéter, on a plutôt tendance à les envier!
Mais... est-il possible de « trop aimer »?
Des chercheurs se sont penchés sur la question de la Love Addiction, la « dépendance amoureuse » ou encore « l’addiction amoureuse », expression consacrée en France. Selon eux, cette dépendance se caractérise par un intérêt excessif et envahissant envers un partenaire amoureux, au détriment d’autres centres d’intérêt ou des activités du quotidien.
Bien qu’elle puisse coexister avec d’autres types de dépendance (substances, sexe ou jeu), il peut s’agir d’une dépendance en soi.
On a cherché à comprendre pourquoi l’amour, un sentiment de bien-être, peut se transformer en dépendance — parfois donc en souffrance, et à identifier les critères de la dépendance amoureuse et des comportements destructeurs et dysfonctionnels qui y sont liés.
Les études récentes, qui utilisent des termes comme « amour pathologique » ou « comportement addictif », concluent à une possible implication des mécanismes de la dopamine, liée au plaisir, et du système biologique et cérébral de l’attachement. La dépendance amoureuse serait une forme du trouble de l’attachement.
Les personnes les plus à risque
Les auteurs de ces recherches se montrent inquiets du nombre de personnes qui maintiennent une relation malgré le danger qu’elle représente, ou dont la détresse suite à une rupture amoureuse est interminable. Il semble que ce type de comportements pourrait affecter 3 % de la population, allant même jusqu’à 25 % chez certains jeunes adultes.
Qui est le plus à risque? Ceux et celles qui ont une conception immature de l’amour, qui vivent dans un milieu non adapté, qui souffrent d’un trouble de l’attachement anxieux-ambivalent, et les séducteurs narcissiques. Les régions du cerveau affectées dans le cas de problèmes d’attachement et de troubles de dépendance aux substances psychotropes sont les mêmes.
Les solutions et traitements
Les personnes aux prises avec une dépendance amoureuse peuvent se joindre à des groupes d’entraide tels Dépendants Affectifs et Sexuels Anonymes ou entreprendre une psychothérapie cognitivo comportementale ou psychodynamique. Dans certains cas d’anxiété ou de troubles obsessionnels compulsifs, des antidépresseurs peuvent agir à titre de complément aux approches non médicamenteuses.
Quand consulter?
L’amour est un sentiment noble, et tous s’entendent qu’il faut éviter de médicaliser les émotions — car l’amour profond entre deux personnes existe! Mais lorsque l’Amour avec un grand « A » rime avec danger et destruction, ou qu’il empêche le fonctionnement normal d’une personne, une consultation volontaire pourrait aider à améliorer sa qualité de vie.
Et la dépendance au chocolat?
Au fait, saviez-vous que le chocolat reproduit dans le cerveau les mêmes phénomènes chimiques qui se sont produits lors de la première rencontre avec l’être aimé : les yeux brillants et les battements de cœur accélérés?
Bonne Saint-Valentin!
Adapté de :
Love Addiction : Biology Gone Wrong?, par Deborah Brauser www.medscape.com/viewarticle/824744_print
La passion amoureuse est-elle une addiction comme les autres?, par Stéphanie Lavaud http://www.medscape.fr/voirarticle/3600654