
Les ITSS en hausse chez les 50 ans et +
2 juillet 2015
Dans une étude publiée aux États-Unis en 2007, on apprenait que 50 % des adultes de 70 ans sont actifs sexuellement et 25 % à 80 ans. Pour Jocelyne Robert, sexologue et auteure québécoise, ce n’est pas une surprise : les gens de cet âge ont une vie sexuelle et érotique, ce qu’on a à peu près toujours nié !
C’est un sujet qui en met (encore!) plusieurs mal à l’aise… Et qui explique, en partie, la hausse des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS), chez les 50 ans et plus.
Les cas de gonorrhée, de syphilis, de chlamydia et de VIH sont de plus en plus fréquents chez les adultes plus âgés.1 « C’est un sujet peu abordé et qui devrait faire l’objet de plus nombreuses discussions », estime Raymond Parent, chef de l’Unité ITSS à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).
Pas juste à cause du condom...
Selon Mme Robert, les femmes sont gênées d’exiger le port du condom avec un nouveau partenaire, après une séparation, par exemple. Il arrive aussi, selon la chroniqueuse Louise-Andrée Saulnier, que certains hommes et femmes en présence d’une infection ne consultent pas de médecin, de peur de se faire traiter de tous les noms parce qu’ils ont... une vie sexuelle — « à leur âge, franchement ! »
Une autre explication, qui nous vient de M. Alain Gariépy, clinicien et ex-vice-président de l’Association des sexologues du Québec : « Les gens de 55 ou 60 ans ont commencé leur vie sexuelle dans les années 70, à l’époque du peace and love et de la liberté sexuelle, où le préservatif était peu fréquent ». De fait, les baby-boomers, qui ont aujourd’hui entre 50 et 70 ans, associent surtout le préservatif à un moyen de contraception. Il y a évidemment la sempiternelle rengaine selon laquelle « on a moins de sensations avec le condom ». Cependant, sans le condom, on peut se retrouver avec des « sensations »... beaucoup moins plaisantes!
Les échangistes, plus à risques
En anglais, on les appelle les « Swingers ». Il s’agit de couples hétérosexuels qui ont des relations sexuelles en groupe ou font des échanges de partenaires. Selon une récente étude des Pays-Bas dont les conclusions ont été rendues publiques en 2014, les échangistes de plus de 45 ans (les femmes en tête) ont plus de risques de contracter des ITSS que les gais ou les travailleurs du sexe, pourtant des groupes traditionnellement reconnus comme étant plus à risques. Ils forment 12 % des visiteurs des cliniques de santé sexuelle. La moitié des participants de cette étude ont indiqué avoir eu plus de six partenaires dans les six mois, et ne pas avoir utilisé de condom.
Ajoutons que chez les adeptes de l’échangisme, l’usage de drogues augmente le risque de contracter une ITSS, et en fait un groupe auquel il faut désormais accorder plus d’attention dans le dossier des ITSS. 79 % des participants à l’étude ont déclaré utiliser des drogues contre la dysfonction érectile et des drogues récréatives comme la cocaïne, le LSD, les méthamphétamines, la marijuana, le gaz hilarant et l’alcool, et parmi ceux-ci 46 % faisaient l’usage de drogues multiples.
Les chercheurs concluent que la prévention en matière de santé sexuelle doit aussi aborder la question de la consommation de drogues multiples, puisqu’elles peuvent agir comme inhibiteurs et faire oublier... le condom!
En conclusion
Votre santé sexuelle est partie prenante de votre santé générale. N’hésitez jamais à insister pour vous protéger, et en cas de doute sur les risques que vous avez pu prendre ou pour toute question concernant le sujet, consultez un médecin!
Lien utile :
Questions et réponses : prévention des ITSS chez les adultes âgés
1. Par exemple, en 2011, les adultes âgés de 50 ans ou plus représentaient 18,2 % de l’ensemble des tests de dépistage du VIH au Canada, une hausse par rapport à 10,6 % en 19997. (...) Entre 2002 et 2011, les cas de chlamydia chez les personnes âgées de plus de 60 ans ont augmenté de plus de trois fois (de 93 en 2002 à 309 en 2011), les cas de gonorrhée ont plus que doublé (de 64 en 2002 à 154 en 2011), et les cas de syphilis ont augmenté de près de cinq fois (de 13 en 2002 à 69 en 2011). Au cours de la même période, les femmes âgées de plus de 60 ans ont connu la plus forte hausse relative du taux (plus de 269 %) tant pour la chlamydia que pour la gonorrhée. De façon similaire, des données récentes indiquent que la prévalence de l’hépatite C chez les personnes âgées de 50 à 79 ans est deux fois plus élevée que chez les personnes âgées de 14 à 49 ans, ce qui représente près de deux tiers de l’ensemble des infections chroniques. — Agence de la santé publique du Canada