
La pansexualité, qu’est-ce que c'est?
18 juin 2015
On entend de plus en plus parler du terme « pansexualité » pour décrire l'attirance envers les autres, sans distinction de sexe ou de genre. Est-ce un phénomène lié à une liberté sexuelle 2.0? Une mode? La célébration de la diversité? Un effet de la lutte contre la discrimination en raison du sexe?
Sans considération pour le genre ou le sexe
En France, ce sont des artistes qui ont d’abord popularisé la notion de pansexualité, notamment Christophe Madrolle qui déclarait en 2012, dans un article qu’il signait sur le site Rue 89 : « J’aime tout le monde. Je suis donc pansexuel. Je fais partie de cette génération qui accepte mal qu’on lui impose des frontières; géographiques, sociales ou plus intimes ». Il n’aime pas dire qu’il est bi, c’est trop exclusif. Il s’est « autoproclamé pansexuel », un terme qu’il a découvert par hasard sur Internet. « La pansexualité se traduit par une attirance sexuelle et sentimentale, sans considération pour le genre ou le sexe. C’est une définition standard. Mais c’est moi ça! », s’exclame-t-il. Pour la chanteuse française Christine and the Queens, « l’amour n’a véritablement pas de sexe ». Dans le monde anglophone, des personnages pansexuels commencent à apparaître dans les séries télévisées et les jeux vidéo.
Pansexualité = bisexualité?
Pas tout à fait. La pansexualité veut élargir la notion de bisexualité, puisqu’elle caractérise une attirance sentimentale et sexuelle qui dépasse le binarisme des genres, qui englobe tous les genres, incluant les transgenres ou les travestis, indifféremment du sexe anatomique ou de l'orientation sexuelle. Une façon d'effacer les frontières, les cases, les étiquettes, et de placer le désir et l'amour envers un autre être humain au cœur des relations intimes.
Quoi qu’il en soit, la pansexualité et la bisexualité font de plus en plus jaser. Le Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec a cru bon de publier un document intitulé « La mode bi : ouverture d’esprit ou banalisation? » dans Ça s’exprime, le magazine des intervenants menant des activités d’éducation à la sexualité auprès des jeunes du secondaire. Il y a aussi une « Journée de la bisexualité », le 23 septembre, une Semaine de la bisexualité et un grand nombre de sites Web qui y sont dédiés, notamment La Cité Bisexuelle.org, qui contient entre autres un répertoire des célébrités bisexuelles et un manifeste bisexuel. Il existe un drapeau de la fierté bisexuelle, et un drapeau de la fierté pansexuelle.
Dans « Bisexualité et pansexualité, même combat? », un article paru sur Le Biplan du magazine Yagg, l’auteur explique : « … la lutte la plus importante, le problème essentiel, est de briser la dichotomie homo/hétéro qui est toujours en vigueur auprès du grand public, alors même que toutes sortes d’études sexologiques et pas mal d’histoires vécues montrent qu’elle est très loin d’être si clairement tranchée pour tout le monde… Ce qui compte avant tout, c’est de faire comprendre à tout le monde que la “monosexualité” (le fait d’être attiré par un seul sexe : le sexe opposé pour l’hétérosexualité, le même sexe pour l’homosexualité) n’est pas le seul type de sexualité qui existe, et qu’on peut être ailleurs que dans le “tout un ou tout autre” exclusif ».
La « biphobie »
Il y a un débat : les pansexuels font-ils partie des LGBT? Certains sont d’avis que non, car « leurs expériences ne sont pas toujours identitaires, comme pour les gais, les lesbiennes ou les trans. » Il en résulte que les bisexuels et pansexuels sont parfois rejetés par les différents groupes LGBT qui considèrent que leur « lutte » n'est pas la même. Et, n'étant pas 100 % les uns ou les autres, ils sont parfois aussi rejetés et par les hétéros, et par les gais.
Et vous?
Vous pouvez vous amuser en consultant la célèbre Échelle de Kinsey, du nom de ce professeur d’entomologie et de zoologie américain (bisexuel) qui a été le premier à étudier scientifiquement les habitudes sexuelles de l’homme et de la femme… Il y a aussi la grille d’orientation sexuelle de Fritz Klein, qui focalise plutôt sur l’histoire de la personne que sur son attirance, comme le faisait Kinsey.
Finalement, pour emprunter les sages paroles de l’auteur précité, « Ce qui existe à côté de l’homosexualité et de l’hétérosexualité, c’est non seulement la bisexualité, mais aussi la pansexualité et toutes sortes d’autres nuances, à commencer par… les gens qui ne ressentent pas le besoin de se nommer... »
Liens utiles :
La bisexualité, tout un art, Reportage en six parties diffusées sur Arte
Gris Montréal, organisme dont la mission générale est de favoriser une meilleure connaissance des réalités homosexuelles et bisexuelles
Aide aux trans du Québec
Guide de ressources LGBT
Le drapeau de la fierté bisexuelle et le drapeau de la fierté pansexuelle